Mon principe de base en matière d’enseignement est d’ouvrir l’élève à sa perception personnelle et sa propre connexion intime avec la musique, afin que le procédé d’apprentissage soit continuellement nourri par un plaisir réel et une motivation profonde de développer cette connexion.
Ceci est essentiel parce que bien sur, l’apprentissage de la musique et la maîtrise d’un instrument tel que le piano ne se fait tout simplement ni du jour au lendemain ni sans efforts toujours renouvelés. Ceux-ci par conséquents doivent être continuellement réanimés par un véritable engouement et désir de progresser mais aussi et de façon plus importante encore par une joie profonde de chaque pas en avant sur le chemin … qui s’étire indéfiniment devant celui qui s’adonne à une telle aventure… et c‘est ce qui en fait en grande partie à la fois la beauté et la magie (et ce qui garde les musiciens toujours jeunes de coeur :-))
Ayant moi même été attirée par un grand nombre de genres musicaux différents , je suis ouverte à tout style de musique que l’élève désire étudier, tant que cela le ou la motive.
Ceci ne signifie pas bien sur que ma méthode d’enseignement épargne de l’étude importante d’une technique de base nécessaire à tout instrumentiste de tous genres et styles musicaux.
Au contraire, en tant qu’ancienne élève des conservatoires de musique de France, je suis très consciente de l’importance de la technique instrumentale, pas tant comme un but en soi mais plutôt comme un outil et moyen d’arriver à une expression musicale plus aisée et par conséquent meilleure et plus libre de la musique interprétée. (« La technique est comme un crayon très bien taillé » Richie Beirach). Ces bases techniques peuvent être travaillées au sein de n’importe quel genre musical au moyen d’exercices appropriés et adaptés au style désiré.
Au sujet de la technique et de la pratique d’instrument – tant il est vrai que l’apprentissage d’un instrument est avant tout l’apprentissage de la façon la plus efficace de le pratiquer – mes principes d’enseignement se basent sur la pédagogie de Madeline Bruser avec laquelle j’ai étudié à New York. http://www.artofpracticing.com/. J’ai adapté sa pédagogie a toutes sortes de musiques (Madeline s’étant dédiée uniquement au classique). Mais comme elle j’insiste toujours sur la posture, l’équilibre et le confort physique puisque nous jouons avec notre corps tout entier , pas seulement nos mains et il est donc absolument essentiel de prendre garde non seulement à ne pas nous faire de mal mais aussi à savoir sortir le meilleur de notre potentiel corporel. Quelques principes basiques de poids, force, équilibre et énergie peuvent mener loin dans ce sens.
Par ailleurs je suis convaincue qu’il est extrêmement profitable et même indispensable d’exposer tout étudiant à un minimum d’expérience de l’improvisation. J’ai moi même été quelque peu privée de cet aspect dans mon développement musical élémentaire ce qui m’a même conduit à penser à un certain moment que l’improvisation était un don accordé de naissance à quelques privilégiés… Je suis bien entendu convaincue et ce depuis longtemps, que la capacité d’improviser est à portée de main (c’est le cas de le dire!) de quiconque désirant explorer cette façon de s’exprimer musicalement.
De plus je pense que cela représente un élément essentiel de l’apprentissage à tout niveau. Autrement dit il n’est jamais ni trop tôt ni trop tard pour apprendre à improviser – ou plus exactement à libérer notre potentiel d’improvisation – et incorporer cet aspect dans notre évolution musicale. L’improvisation elle aussi peut être développée au sein de tout style de musique. Je m’assure toujours de guider l’élève à mieux comprendre la pièce qu’il ou elle étudie en en dégageant les principales bases de structures, règles et principes. D’une part cela rend l’apprentissage plus facile (on apprend et retient toujours mieux ce que l’on comprend) et de l’autre cela permet à l’élève de réutiliser le matériel d’une façon créative et de composer sa propre pièce de musique ne serait-ce que de 3- 4 mesures pour commencer. Il n’est pas nécessaire d’être un Mozart pour ressentir la joie rare et l’indescriptible sentiment d’accomplissement et d’expression personnelle que procurent l’improvisation et la composition. Ici a nouveau l’aspect de plaisir et de jeu doit passer avant tout et surtout avant toute sorte de jugement de valeur. Plus facile à dire qu’à faire évidemment…
Ceci m’amène à mon dernier point mais certainement pas le moindre: le rappel et l’effort constant durant l’apprentissage de ne pas se laisser enfermer et coincer par le jugement personnel et/ou d’autrui.
Ce « démon » (c’est un terme fort je l’admets, et en même temps je réalise toujours plus combien les dégâts qu’il produit sont a la hauteur de ce mot!) s’infiltre lentement mais sûrement en nous, consciemment ou non, puisque nous baignons dans une société qui semble devoir mettre jugement et compétition en toute chose, empoisonnant trop souvent notre joie et notre plaisir. Si nous nous efforçons de rester concentré sur notre amour de la musique et notre bonheur a l’apprendre, nous pouvons peu a peu nous libérer de cette voix insidieuse et dévastatrice et nous réjouir d’apprendre, pratiquer, composer et également jouer en public pour partager alors avec d’autres notre plaisir et amour de la musique, et ainsi les propager…